vendredi 6 janvier 2012

Une nouvelle pas récente

Je suis tombé sur un petit texte sous forme de lettre que j'avais écrit il y a quelques années, bon c'est pas marrant marrant mais pour une fois dans mon blog, je parle d'autre chose que de poker :)


"Verdun, le 20 Juin 1916

Mon Adorée,

127éme jour sans être près de toi, tu me manques de plus en plus. Ici comme tu dois t'en douter, la vie est difficile, la mort aussi d'ailleurs. Je ne pensais pas que l'on pouvait souffrir autant de l'absence, l'absence de l'être aimé, l'absence de nouvelles, bonnes ou mauvaises. Mes camarades, tout comme moi, se sentent de plus en plus abandonnés au fond de notre étroit boyau, nous sommes coupés de nos lignes arrière depuis plus d'une semaine et je pense que cela ne va pas aller en s'améliorant. Les vivres commencent sérieusement à manquer, ce qui n'aide pas notre moral, mais le plus difficile est de ne plus avoir de courrier, bien que pour ma part cela fait maintenant largement plus de sept jours que je suis dans l'attente de te lire.

Avant hier, le seul officier encore avec nous, le Lieutenant JEAN a désigné trois soldats pour partir en éclaireurs et trouver une solution de repli, malheureusement je n'ai pas été choisi, une fois de plus mon stupide grade de sergent m'empêche d'accomplir ce pour quoi je suis revenu ici après notre dernière rencontre.

Ils ne sont pas rentrés.

On raconte souvent qu'avant et après une bataille règne un silence intense, mais tu peux me croire sur parole, c'est absolument faux. Avant l'offensive, qu'elle soit de notre initiative ou de la leur, la peur et le doute font un vacarme épouvantable dans nos esprits, après, le sifflement des balles et des obus, les cris des hommes, le bruit sourd du déchirement des chairs résonnent dans nos oreilles pendant des jours, nous empêchant parfois (est ce bien ou mal ?) d'entendre nos camarades agonisants que nous ne pouvons aller chercher et que de toutes façons que nous ne pourrions soigner. En effet ça fait bien longtemps que nous n’avons plus ni médecins, ni remèdes, pansements ou autres calmants. De toutes façons cela m’importe peu, certaines blessures ne sont pas forcément physique et il n’est nul besoin d’aller sur un champ de bataille face à un ennemi pour en être frappé, tu m’en as donné le douloureux exemple.

Demain matin, à six heures, je lancerai un assaut, mon ultime assaut contre eux et contre moi. Je partirais calmement dans le petit matin, sans armes et sans casque. J’ai pris rendez-vous pour me présenter au pied de l’autel, non pas devant le modeste curé de notre paroisse, mais devant le grand patron, et la dame blanche qui m’y attendra n’aura pas tes traits si délicats. 
Le chemin qui va m’y conduire sera tracé par la balle d’un allemand, je le remercie d’avance.

Quand tu recevras cette  lettre, je serai au coté de mes parents et de mon frère, enfin libéré de cette guerre et de toi.

Je sais que tu ne me pleureras pas, maintenant que tu es au coté de cet homme que tu m’as préféré.

Mais s’il te plaît, rend moi, rend toi un dernier service, aime le comme tu ne m’as pas aimé, il n’aura peut être pas une guerre pour réussir à se séparer de toi."

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